Aux USA, la Troupe 1532 est un peu particulière. Elle est essentiellement composée de réfugiés et de migrants. Récit d’une belle aventure.
Les scouts Jean Tuyishime et Moise Tuyikunde sont assis autour du feu sous la voute étoilée des montagnes des Montagnes Rocky du Colorado. Ils se charrient et se font des blagues comme le font souvent des frères. Pourtant, 2 ans avant, ils étaient à l’autre bout du monde, dans un camp d’Afrique centrale, au Rwanda. Ces deux frères sont nés dans le camp de réfugiés Gihembe. Leurs parents ont fuit le Zaïre en 1996. Ils ont pu être accueilli dans la région de Denver aux USA en 2014. Progressivement, ils se sont intégrés à leur nouvel environnement, en apprenant suffisamment de rudiments d’anglais pour adhérer et participer à une nouvelle expérience : les scouts. Mais Jean, 15 ans, et Moise, 12 ans, n’ont pas rejoint une troupe comme les autres. La troupe 1532 est essentiellement composée de réfugiés et de migrants, venant de pays lointains comme le Rwanda, le Népal ou la Birmanie.
« C’est un endroit où ils peuvent être eux-mêmes, sans avoir peur de l’être », indique Justin Wilson, un des chefs scouts. « Je pense que c’est vraiment important pour eux de voir que des gens s’intéressent à eux, que des gens peuvent sortir de leur routine pour se mettre au service de migrants » La troupe 1532, formée en 2014, pourrait être un modèle pour des troupes scoutes cherchant à accueillir des jeunes migrants ou réfugiés.Wilson et P.J. Parmar, le docteur qui a fondé la troupe, expliquent que le contexte passé des jeunes présente des défis auxquels les autres troupes ne sont pas confrontées. Les membres vont et viennent, ce qui rend difficile de se focaliser sur le système habituel américain des badges au mérite, et de progression par rang. Aux USA, le rang le plus élevé et très célèbre, connu de tous les américains, est l’Eagle Scout.
Quasiment aucun de nos jeunes ne sait ce qu’est l’Eagle Scout. Leurs parents non plus.La plupart des parents ont peu d’argent et travaillent dur, de nombreuses heures, ce qui rend difficile de prévoir des rencontres. Les scouts peuvent difficilement se rendre à des réunions, alors ils ont décidé de ne faire que des sorties campées. Ensuite, il y a la question de l’enseignement de la discipline et du respect entre scouts. Pour certains, ce n’est pas facile, cela nécessite un ajustement à une nouvelle culture, surtout quand on n’a vécu qu’en camp de réfugiés, ou le système D est le mode de survie principal. Lors de la sortie campée de la fin de l’été, des scouts ont été surpris en train de fumer. Au camp de printemps, certains ont été accusés de vol.« Je pense cependant, en particulier au camp d’été, qu’ils étaient sous observation de tous », relativise Wilson. « Ils ne sont pas une troupe de jeunes blancs de zones résidentielles tranquilles, alors dès qu’ils font le moindre écart, c’est remarqué, alors que pour les autres troupes, ce genre de bêtises d’ados passent sous le radar ».Il faut préciser que quand on parle de sorties campées, aux USA, ce n’est pas dans un champ tranquille comme en France, mais sur une base, qui est fréquentée aussi par d’autres scouts en même temps. Qui probablement n’observent pas tous d’un œil bienveillant cette troupe de réfugiés et de migrants.P.J. Parmar explique souvent à ses scouts :
La barre est un peu plus haute pour vous, les garçons, parce vous n’aurez jamais le bénéfice du doute dans la société, comme les blancs peuvent avoirLe père de Jean, Jean Batacoka, un homme de ménage de 37 ans, papa de 5 enfants, raconte que l’action de Wilson et Parmar ont aidé ses enfants.Ce qu’ils font ici n’est pas qu’une formation leadership, ils apprennent d’abord la discipline, comment se comporter en collectif, ou comment respecter les personnes plus âgées. Je pense que c’est vraiment une bonne chose pour eux, je sens que quelque chose est en train de se passer.Pour son fils, Jean, ces qualités semblent être bien enracinées et elles pourront servir à une génération à venir.Je veux devenir adulte et un leader comme P.J. ou Justin. Comme ça, je pourrais aider d’autres enfants ». Dit-il
Quelques photos de la troupe et leurs histoires
Le photographe T. Peipert d’AP (Associated Press) est passé sur une des sorties campées des scouts, le 10 septembre 2016 sur le camp d’Evergreen. Il te présente en photo quelques scouts et leurs activités. Jean Tuyishime et Moise Tuyikunde, 15 et 12 ans















